"Melt-in" (avec) potes - Expats en Corée depuis 36 jours !
« Melt-in » (avec) potes
Mon premier « team building » en Corée. C’est-à-dire un séminaire entre collègues, comme en France ou ailleurs, où l’objectif avoué est à la fois de travailler – un peu – sur la stratégie de l’année à venir, mais surtout de se retrouver entre collègues pour s’amuser, se détendre en renforcer nos liens. En France, ça donnait karting ou paint-ball, bon gueuleton et boîte de nuit, à Deauville ou dans le Morvan. En Corée, ça donne soirée arrosée, karaoké, ascension d’une petite montagne symbolisant la réussite des objectifs de l’année, et spa dans des sources chaudes naturelles. Et ils appellent cet événement « melt-in » – se mélanger –, ce qui reflète assez bien le concept du séminaire.
Avec le PDG de notre « joint-venture » (55 ans mais il en fait 45), cette courte randonnée, paraît-il est très chère à son cœur, rappelle un peu les images de l’ascension rituelle de la Roche de Solutré par feu François Mitterrand, entouré de son aréopage de conseillers et d’amis proches. Ici aussi, on en profite pour toucher deux mots, qui au PDG, qui au Canadien de Nortel occupant la plus haute position. Il fait froid en haut pour un 30 mars, mais l’équipe organisatrice a tout prévu : vin de riz (je ne le connaissais pas, celui-là) et carottes à tremper dans une sauce épicée nous attendent au sommet… sur les coups de dix heures du mat’ !
Sommet est un grand mot puisque nous culminons à 350 mètres au-dessus du niveau de l’hôtel, mais les résidus de neige, le vent froid et le sentier escarpé font facilement croire qu’on a gravi un sommet autrement plus élevé.
Le complexe de balnéothérapie qui suit la descente est le bienvenu : tous à poil, même pas une mini-serviette ceinte autour des reins, du plus au moins gradé (la seule femme sur la centaine de collègues mâles présents doit se sentir bien seule dans la partie du « grand spa » réservée aux femmes). Différents bains chauds, froids, bouillonnants, sauna, etc nous attendent pour nous relaxer. Comme d’habitude en Corée, tout est super propre, des vestiaires à chaussures aux vestiaires à vêtements (séparés s’il vous plaît), des douches aux serviettes, des bassins au salles de massage, que j’aurais dû tester.
Revenons un instant sur la soirée, pour finir sur une note musicale et une ambiance badine. Les chefs se doivent d’entonner une chanson au karaoké : le PDG Coréen y va à fond, et tout le monde vient danser un twist endiablé avec lui. Le chef Canadien a choisi « Let it be » et les trois expats (Américano-turc, Australien, et Français) que nous sommes se partagent le micro pour le soutenir, bientôt rejoint par les Coréens. Et tous de bramer de concert, « mother Mary comes to me, speaking words of wisdom, let it be iiiii ». Mais bon, le karaoké on s’en doutait ; de même que les inévitables toasts à chaque table, qui ponctuent la soirée d’aboiements rauques lorsqu’un groupe se motive en clamant un slogan avant d’avaler son nième verre (de soju ou de bière) cul sec.
Plus intéressants sont les jeux organisés par un animateur maison, pas mauvais d’ailleurs, vu l’ambiance qu’il met. Jeux pas très différents de ceux d’une fête de patronage en France, mais surprenants dans le contexte de cent ingénieurs et commerciaux de haut niveau qui visent la première place du marché des Télécoms en Corée. Une belle chenille, par exemple, se forme par table et nous voilà donc avec huit chenilles alcoolisées qui se déplacent dans la grande salle en se tapant dans la main (dans la patte ?) quand elles se croisent ! A un autre moment, un jeu de chi-fou-mi fait fureur ; et à la surprise générale dans ce monde de machos, la seule femme l’emporte haut la main, feuille recouvrant caillou, ou ciseaux tombant dans le puits. En tout cas, c’est bon enfant, tout le monde s’amuse de bon cœur, et je passe une très bonne soirée moi aussi, tout en faisant connaissance avec de nouveaux collègues. On finit les jeux en se serrant tous la main, interminable double haie de collègues qui échangent leurs vœux de réussite pour l’année, ainsi que leurs germes et microbes s’il y a lieu, dans une colossale série de cinq mille poignées de main (environ, et si j’ai bien calculé) : confirmation que « melt-in » signifie bien « se mélanger » !
PS : oublié que même dans un hôtel classe « à l’occidentale », le petit déjeuner est exclusivement coréen, c’est-à-dire riz, soupe et kimchi !! Petite attention spécialement pour notre groupe qui dessoule gentiment ce matin : il paraît que la soupe au poisson séché qu’on nous sert est souveraine pour les lendemains difficiles. En anglais « gueule de bois » se dit « hangover » ; c’est donc la hangover soup qui fait faire des grands « schlurp » à nos amis coréens.
<< Home