Karaoké et "crabe pas ok" - Expats en Corée depuis 25 jours !
Karaoké et « crabe pas ok »
Pendant que Delphine étrenne Skype-Out, la dernière magie informatique proposée par la société Skype sur Internet, en appelant ses parents en Normandie pour moins de 2 centimes d’euros la minute (et les appels d’ordinateur Skype à ordinateur Skype sont gratuits!!!), et que les enfants regardent Disney Channel en anglais, me voici à raconter l’incontournable expérience d’un karaoké entre collègues. Après trois voyages en 2005 et deux mois et demi à plein temps, il est même étonnant que ce soit ma première fois.
Une salle privée avec un super juke-box qui crache des décibels à fond la caisse, un catalogue des chansons disponibles – coréennes ou anglo-saxonnes – épais comme la carte des vins de chez Taillevent, une table vite recouverte de flasques de whisky, de plateaux de fruits et de fruits de mer séchés (on y reviendra : mâcher un morceau de poulpe séché se fait ici naturellement, dans le métro comme au karaoké, comme on croque un biscuit apéro chez nous). Des collègues, vite éméchés, se relaient au micro, aidés par quelques serveuses-chanteuses. Rien de tendancieux, ce n’est pas dans les mêmes établissements que les serveuses (se) servent (de) leurs appâts.
Bien, avec une telle offre de chansons en anglais dans le super menu, il faut bien que je me lance. C’est moins intimidant dans une petite salle avec une poignée de gens que dans une grande salle pleine d’inconnus ; de toutes façons, on ne peut pas refuser, cela fait partie des « tests » obligatoires pour les étrangers, au même titre que les verres de soju dans les dîners. New Years’s Day de U2, ça je connais bien, à peine besoin de suivre les paroles sur la télé, et la réverbération sur le micro donne le change en enveloppant mes fausses notes dans une nappe sonore. Surprise : mes collègues n’ont jamais entendu cette chanson. Pourtant, ils battaient la mesure et faisaient semblant de la connaître quand je la chantais ! Encore un œil dans l’énorme catalogue, et je tombe sur une perle : me revoici debout micro à la main en train de chanter Ziggy Stardust du grand David Bowie. Incroyable ! Mes collègues donnent dans le sirupeux coréen, mais ils chantent tous très bien. Je ne connais pas leurs chansons non plus !
Bon, et le crabe dans tout ça ? Tous les matins et tous les soirs, je passe devant la Cour Suprême pour aller au métro. Parfois, une poignée de manifestants silencieux défilent avec une pancarte en hommes-sandwichs, mais ce soir la manifestation, bien que toujours silencieuse, est plus importante : un « sit-in » d’une trentaine de personnes, bougies allumées et tracts jaunes posés par terre. Les tracts arborent un superbe crabe qui tient une pancarte où on peut lire « SOS – Save Our Saemangum ». Je m’approche, un responsable d’une association écologiste m’explique en bon anglais qu’ils vont passer la nuit ici à prier pour que la Cour Suprême rende un arrêt qui empêche le gouverneur d’une province du sud de transformer une mangrove en terrain agricole, au risque de bouleverser l’écosystème fragile de la région. Je lui assure mon soutien, nous échangeons nos cartes de visite, et je ramène la collection des trois pancartes au crabe à la maison. Je cherche sur notre atlas la région du Saemangum, mais ne la trouve pas. Delphine préfère que je n’embrigade pas Louise en lui parlant de cela. Le lendemain matin, il pleut un peu. Je passe devant les manifestants en cirés, leurs bougies bizarrement toujours allumées, mais sans voir leur chef. J’achète le journal le lendemain : la Cour Suprême a autorisé la poursuite du projet… qui apparemment était déjà à 80% achevé, bloqué par les écolos il y a quatre ans après plus d’un milliard de dollars engloutis. Ainsi va la vie ! Je ne verrai peut-être pas de crabes si nous visitons un jour le Saemangum.
La floraison des cerisiers va être un événement ici. Un site Internet http://french.tour2korea.com/12Home/Notice_Read.asp?oid=2155&iPageToGo=1 donne la date estimée de cette floraison, ville par ville dans toute la Corée ! Ces dates sont calculées précisément en fonction du temps qu’il a fait localement en février au moment de la montée de sève, c’est vraiment du sérieux ! On peut comprendre cette précision, car il paraît que la floraison ne dure qu’une petite semaine, donc pas intérêt à la louper… ou alors prévoir carrément un tour de Corée qui passe par les villes indiquées ou dates indiquées. Bref, on verra cela à partir du 4 ou du 8 avril à Séoul, et on vous racontera (embouteillages monstres en perspective, annoncent-ils sur le site !).
En plus de la magie Skype sur Internet, écouter France Info en brunchant ce midi est une autre expérience technologique, dont la simplicité nous laisse pantois. Le décalage horaire est amusant (4 heures du mat’), mais la « radio d’info en continu » nous passe malgré tout un flash d’info toutes les quarts d’heure. Histoire de vérifier que la manif d’hier contre le CPE a été beaucoup suivie partout en France, et que notre équipe de rugby a gagné le tournoi des six nations en battant le Pays de Galles. Un bon parfum de chez nous ! Hier soir en restant dans la même veine, nous avons testé les desserts dans un restaurant français, « la Cigale-Montmartre » dans la quartier d’expats d’Itaewon ; même si nous ne sommes pas – encore – nostalgiques, une excellente crème brûlée et un délicieux feuilleté aux pommes au caramel au beurre salé, ça fait du bien !
Libellés : Culture et société, Séoul
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