26 mars, 2006

Sous le sentier, les bunkers - Expats en Corée depuis 32 jours !

Sous le sentier, les bunkers

C’est le week-end, il fait beau, pas encore très chaud. Profitons-en pour faire notre première randonnée en famille. C’est magique, le métro de Séoul dessert deux montagnes : une au nord, Bukhansan ; une au sud, Kwanaksan (san signifie montagne, facile, non ?). Nous habitons au sud la rivière – le quartier s’appelle Gangnam, soit sud de la rivière, trop facile, non ? – donc allons gravir Kwanaksan !


Le temps de s’étirer, de se préparer, de prendre le métro et de repérer le début du sentier, nous voilà partis peu avant midi. Le chemin est ardu, plutôt raide avec des pierres irrégulières, et les Coréens dont l’activité favorite du week-end est justement la rando, nous bousculent en redescendant. Car, eux, ont sans doute commencé l’ascension à l’aurore. Ne sommes-nous pas au matin du matin frais (autre traduction du « pays du matin calme » proposée par Paul Claudel… et il faisait frais ce matin, pour sûr). Mais, après un bon pique-nique et une (vraie) louche d’eau potable récupérée dans des sources aménagées, nous voici arrivés au temple bouddhiste du sommet. Un visiteur explique à Louise et Joshua comment allumer des bougies et comment prier devant les multiples petites statues de bouddha déposées en offrande sur un piédestal. Amusantes pour la plupart, Bouddha est représenté en céramique colorée comme un bébé joufflu allongé tranquillement, une main derrière la nuque. (Note de Delph : enfin on suppose que c'est Bouddha...).

Nous essayons un autre sentier pour la descente. Il est beaucoup plus beau, avec des vues splendides sur Séoul, mais les enfants, Joshua surtout, sont fatigués et les pierres sont tout aussi inégales qu’à l’aller. Un groupe de Coréens nous aiguille sur le bon chemin si certains croisements sont ambigus, mais en général les panneaux indicateurs sont bien faits.

Nous croisons souvent des entrées d’anciens bunkers fermées au fil barbelé ; souvenir de la guerre de Corée qui n’est qu’à un demi-siècle derrière nous. Cela me rappelle ce qu’un collègue m’a expliqué : sous cette même montagne où nous marchons se trouve une véritable ville souterraine fortifiée, dans laquelle peut s’abriter tout le gouvernement et l’état-major sud-coréen, au cas où les nord-coréens décident de nouveau d’infiltrer, voire d’envahir leurs voisins du sud. Tant que le dictateur nord-coréen est en vie, ces rapports tendus restent imprévisibles, même si le climat politique est en ce moment à la détente. Bizarre d’imaginer sous ce sentier les kilomètres de voies souterraines, les tonnes de vivres entassées, les chambres, les salles de commandement, le dernier cri des télécommunications militaires, sans doute installées, et testées régulièrement… au cas où.

Six heures de plein air, dont quatre de vraie marche, plus tard, nous arrivons dans un quartier de Séoul que nous ne connaissons pas : le marché du samedi soir bat son plein. Sans prendre la peine de trouver le métro, nous hélons le premier taxi qui nous ramène à « Sorae maeul », le village français. Toute la famille est bien fatiguée ; je m’endors dans le taxi… puis quelques heures plus tard de nouveau au cinéma, à la fin du film « Pride and Prejudice ».

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