13 avril, 2006

Viens à la maison, y’a le printemps qui chante - Expats en Corée depuis 50 jours

Viens à la maison, y’a le printemps qui chante

Delphine s’attendait sans doute à une autre chanson de Claude François, le poète préféré de mes années d’enfance, avec la belle (?) photo que j’ai prise d’un magnolia enroulant l’enseigne d’un restaurant. Effectivement, « les magnolias sont en fleurs » chante-t-elle à tue-tête en balançant les bras en cadence pendant que j’écris ce texte (en écoutant Arthur H., imaginez la cacophonie et le choc musical inter-générationnel !).

Contrairement à ce qui avait été annoncé sur ce blog et dans les journaux séoulites, les cerisiers ne sont pas encore en fleur à Séoul ; donc on en profite pour admirer les magnolias, pendant qu’un collègue me serine avec le faaabuleux festival de floraison des cerisiers auquel il a assisté ce week-end dans le sud du pays (à trois heures de KTX, Korean Train eXpress, copie conforme du TGV, et construit également ici par Alsthom pour la première ligne).

Note de Delphine : La plupart des cerisiers sont bien en fleur, mais pas ceux de Namsan où nous avons voulu aller ce WE !

Clo-clo forever donc, lui et ses magnolias, lui et son printemps qui chante. D’abord, oui, le printemps est bien là : soudainement le thermomètre fait des bonds de dix degrés vers le haut, et « les oiseaux t’attendent ».

Ensuite, viens à la maison, roucoule le crooner blondinet. Ben ça y est, on y est, à la maison ! Car nos meubles sont arrivés il y a une semaine. Le container (conteneur, a lu Louise dans le dictionnaire) est arrivé sans se faire pirater dans le détroit de Malacca, il a même affronté une grève des transporteurs coréens paraît-il, mais six semaines après, nos cent vingt cartons sont là. Fringues suspendues, meubles remontés, chaîne stéréo rebranchée et testée à plein volume (Bowie, album Outside, Heart Filthy Lessons, générique de fin de Se7en pour ceux qui n’ont pas l’album), déco fleurissant sur les murs plus sûrement qu’un cerisier à Séoul, meubles de location débarrassés, jouets dispersés dans les chambres des enfants, matériel à mosaïques étalé dans une autre ; et hop ! l’immense appartement devient plus familier. Nouvelles connaissances canadiennes ou françaises ou famille coréenne attirée par l’exotisme de ces Français habitant à côté de chez eux ; classique crémaillère ou expo de mosaïques portes ouvertes : on ne sait pas encore à qui on va chantonner en premier « viens à la maison », mais cela ne devrait pas tarder.

Clo-clo et ses magnolias forever, donc, mais c’aurait pu tout aussi bien être « Le Lundi au soleil », tant les deux derniers week-ends ont été maussades. Gris ou pluvieux sont les samedis et déprimants les dimanches, avec la perspective de reprendre le rythme de folie du boulot et sa complexité croissante. Une joint-venture, c’est un mariage de raison, pas un mariage d’amour pour deux sous (ni pour 100 millions de dollars). On apprend à se connaître après le mariage, et les compromis sont bien délicats à trouver, tandis que le temps presse… et les clients aussi.
Donc, lorsque Delphine profite de son lundi au soleil, je chantonne à mon tour que « c’est quelque chose que [je] n’aura[i] jamais ». Moi aussi j’aimerais bien « cueillir du raisin (Delphine, ce sont des orchidées et des branches de saules tortueux), ou tout simplement ne rien faire… seulement déjeuneeer » (bramer comme au karaoké). Entérinons pour la postérité l’anecdote cent fois racontée : à huit-dix ans, je ne comprenais pas les paroles de mon tube préféré, et je me demandais bien pour Clo-clo bramait (comme au k… bis) « seulement des genêts ». Mais que voulait-il dire avec ses genêts ? Je ne l’ai jamais su.
A Séoul, les genêts sont remplacés par des forsythias du même bel effet jaune vif. Attendons d’aller en montagne en mai pour voir s’ils ont des genêts.

A ce stade, Delphine en a sans doute assez que je raconte ma vie, donc reparlons des expériences coréennes fortes, puisque ce blog est fait pour cela. Samedi dernier était particulièrement gris et déprimant, à cause d’un phénomène météorologique bien connu au printemps en Corée et très impressionnant : un vent du nord puissant soulève et pousse jusqu’à nous du sable d’un désert chinois au nord de Pékin, à plus de mille kilomètres de là. Le problème est qu’il traverse au passage des zones fortement industrialisées de Chine du nord, et se charge gentiment en particules particulièrement polluantes, paraît-il.

Les Coréens ne sortent que très peu ces jours-là, barricadent les enfants, ou portent des masques dans la rue. Nous avons été saisi par la purée de pois (parfois jaunâtre, samedi juste grisâtre) en traversant le fleuve en taxi : on ne voyait pas l’autre rive ! Du vrai « smog » bien épais, bien sale, que n’aurait pas troué « la lumière du phare d’Alexandrie » !!
(et Delphine de balancer de nouveau les bras en cadence)

Note de Delphine : je termine avec ce lien sur un article intéressant sur les coréens et Internet : http://www.journaldunet.com/tribune/060412-joffe.shtml

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