« Very Important Moss (like VIP) », jardins japonais - Expats en Corée depuis 104 jours !
« Very Important Moss (like VIP) », jardins japonais
Moi qui n’étais pas attiré a priori par le Japon ! Moi qui me suis fais tirer l’oreille pour passer ce long week-end de quatre jours à Kyoto (Memorial Day aujourd’hui en Corée, précédé d’un jour de pont, qu’ils appellent ici un « sandwich day ») ! J’en suis encore tout retourné ! Non, Kyoto n’est pas (seulement) le nom d’un protocole mondial et non appliqué sur les moyens de lutter contre le réchauffement de la planète. Kyoto est une planète à elle toute seule… où il faisait d’ailleurs très chaud durant tout le week-end !
A nous Kyoto, la ville aux deux mille temples, l’ancienne capitale historique du Japon, à une heure trente d’avion de Séoul (plus la même chose en train depuis l’aéroport d’Osaka). A nous la nourriture japonaise, les légumes en tempura, la soupe miso, les cubes de tofu, et surtout les sushis. Nous les avons dégustés un soir le long d’un « conveyer-belt », une sorte de rail qui tourne autour d’un grand bar en ellipse sur lequel se succèdent de mini-assiettes remplies de différents sushis. Le chef trône au centre, et les fabrique au fur et à mesure, plus rapide que l’éclair. Il demande aux enfants s’ils préfèrent les leurs sans wasabi, la moutarde japonaise verte qui ressemble au raifort alsacien, et hop ! il leur prépare un assortiment spécial aux algues croquantes sans wasabi. Ravis, tous ravis.
Chaque jour, un quartier différent à visiter, souvent à l’écart du centre-ville, là où les empereurs, seigneurs et autres Shogun avaient construit leurs palais ensuite transformés en temples bouddhistes zen ; également là où les religieux shintoïstes ont installé leurs sanctuaires, parfois minuscule autel enchâssé dans la ville, parfois abondance de temples étagés sur une colline. Sans se forcer, rien qu’en nommant les différentes balades égrenées au cours de ses quatre jours, on se prend à rêver, on imagine le raffinement de cette civilisation plurimillénaire.
Premier jour, fin d’après-midi, centre-ville : le chemin des geishas.
Splendides maisons en bois, temple au coucher du soleil, immense pagode de bois, premier grelot géant sonné par les enfants à l’aide de la grosse corde qui pend (on est censé ensuite jeter une pièce, taper deux fois dans les mains, puis prier, les enfants s’arrêteront souvent au grelot !). Puis, inattendu, au détour d’une ruelle, un groupe de quatre geishas, ou leurs disciples les maïkos, juchées sur leurs hauts sabots, se hâtant à petits pas dans leurs kimonos étroits pour rejoindre leurs invités exclusivement Japonais dans l’un des établissements spécialisés et hors de prix qui proposent ce divertissement raffiné.
Balade tranquille du dimanche après-midi, Delphine parle de la « forêt de Meudon » des Kyotoïtes : des voitures à bras promènent les amoureux, un sanctuaire étale son tapis de mousse nickel, les troncs des bambous sont gris-vert acier. Mais quand ils s’écartent pour laisser place à un cimetière aux panneaux de bois surmontant les pierres tombales, on voit au loin les jeunes pousses de bambou au feuillage vert tendre qui s’agitent sous la brise. Au cœur de cet écrin, un autre temple bouddhiste majestueux, encore un « Patrimoine mondial de l’Unesco », déploie une galerie en bois pour passer de pavillon en pavillon, en dominant les jardins de gravier zen, et le lac au milieu du jardin japonais. Forcément japonais.
Troisième jour, après une autre « visite obligatoire » au temple d’argent et à son étalage de « Very Important Moss (like VIP) », nous nous baladons deux heures sur le chemin des Philosophes, le long d’un vieux canal étroit. On se penche sous les branches des cerisiers (en fruits) qui bordent le canal, on s’arrête pour regarder un graveur qui immortalise la scène bucolique, on bifurque vers un temple peu visité qui là encore arbore un tapis de mousse de toute beauté et des tortues s’ébattant dans une mare. On jurerait que les carpes japonaises sont des requins cherchant à croquer un morceau de carapace.
Ce matin enfin, point d’orgue de ce splendide voyage, le sanctuaire aux mille portiques, Fushimi Inari. Un enchantement de découvrir, le long d’un chemin qui serpente dans la montagne, un alignement presque continu de portiques shintoïstes en bois recouverts d’une laque orange brillante, sous lesquels on passe pour gravir la montagne. L’enchaînement des portiques ne s’interrompt que pour pouvoir accéder à des centaines d’autels, petits ou grands, enchevêtrés par paquets, chacun flanqué de deux renards tenant dans leur gueule la clé du grenier à riz. Les ex-voto posés sur les autels en pierre brute sont également des mini-portiques en bois orange vif. Tout cela sous les frondaisons, ou bien à côté d’un petit lac où des hérons s’envolent à notre approche, c’est une splendide fusion du religieux et du naturel. On apprend que cet immense endroit (quatre kilomètres de sentier !) est le « maître-sanctuaire », le chef de quelque trente mille sanctuaires similaires éparpillés dans tout le Japon, tous dédiés à cette même divinité. En redescendant par un autre chemin, surprise, quelques portiques sont laqués de rouge, quelques grenouilles (avec bébé sur leur dos) remplacent les renards. On ne demande pas pourquoi, on profite sereinement de cette dernière balade inoubliable dans Kyoto.
Libellés : Voyages
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