Revue de presse éducative sur l’éducation – Expats en Corée depuis 270 jours !
Revue de presse éducative sur l’éducation
Je ne me foule pas aujourd’hui, je recopie juste quelques passages d’articles du « Korea Times » de vendredi. Suffisamment édifiants par eux-mêmes, ils se passent de commentaires. Ebahissons-nous sur l’éducation à la coréenne, et finissons par un revigorant post-scriptum sur le prix du foncier.
Premier article : « Les Coréens gâchent 15 milliards de dollars [plus de 12 milliards d’euros] en cours d’anglais privés ».
Un institut de recherche remarque que cette somme colossale, dépensée par les familles uniquement sur les cours d’anglais (sans compter les autres matières) en sus des cours suivis à l’école, représente la moitié du budget de l’éducation nationale, ou près de 2% du PIB national ! Une heure de cours extrascolaire coûte en effet entre 30 et 40 euros : à ce train-là, ça file vite. Le même institut se plaint que cet argent est gâché, car ces instituts parascolaires (bonne comparaison avec l’expression « paramilitaire ») font bachoter leurs 12 millions d’élèves, du primaire à l’université, dans le seul et unique but d’avoir une bonne note aux examens officiels (TOEFL et TOEIC). Les entreprises se plaignent que les étudiants ont un mauvais niveau en anglais pratique, leur savoir étant purement livresque. Je le vérifie tous les jours au bureau, et l’article le confirme : la Corée a été évaluée comme le pays d’Asie où la communication en anglais est la plus difficile.
Deuxième article : « Un soutien fiévreux réchauffe les bacheliers ».
Ce n’est tout à fait le Bac, mais ça y ressemble : le concours d’entrée dans les universités s’achevait jeudi – il s’appelle ici le CSAT, ou College Scholastic Ability Test (avec un second mot presqu’aussi intraduisible que… baccalauréat !). Il décide bien souvent du statut social de toute une vie : du niveau de l’université dépendent la réputation de l’entreprise et la carrière qui va avec, en tout cas pour la génération actuelle. Une sorte de Bac pour entrer à l’ENA, Polytechique, Normale Sup’ ou HEC ! On a vu ci-dessus que les familles ont investi des sommes colossales pour mettre toutes les chances du côté de leurs rejetons. Ce sont les mères qui s’occupent de l’éducation dans la famille, ce sont donc elles que l’on voit en photos dans le reportage prier fiévreusement dans les temples, ou bien simplement rester sur le trottoir devant la salle d’examen, le regard vide, certaines pleurant doucement, longtemps après que les élèves y soit entrés. Les élèves de seconde et de première ne sont pas en reste : chaque lycée envoie une cohorte de supporters de type « revival de la fièvre de la Coupe du Monde ». Ils sont alignés en haie d’honneur sur le passage des élèves de terminale, et scandent des slogans « Bon courage ! Allez les gars du lycée Paiwha ! » accompagnés par des tambours. Certains « juniors » sortent même du rang (tiens, encore du vocabulaire militaire) et se prosternent devant les « seniors » qui vont entrer dans la salle d’examen ! Moi qui en seconde aimais bien l’époque du Bac parce que nos profs se transformaient en examinateurs, et nous faisaient rater des cours. Mais alors pas une seule seconde je ne me serais imaginé aller supporter les terminales du lycée de Bertran-de-Born (Périgueux, Dordogne, France) devant la salle d’exam !
Allez B-de-B !! Le Bac français est dans six mois, mais que mes meilleures pensées vous accompagnent !
PS : dans le même numéro du « Korea Times » de vendredi, un autre article sur un autre sujet habituel d’ébahissement des étrangers en Corée : le prix du foncier à Séoul et en Corée. Le journal fait un comparatif entre le prix d’un appartement de 56 mètres carrés à Séoul sur la rive sud (Kangnam) et un château en Europe : l’appartement séoulite gagne d’une courte tête avec 330 millions de won, soit 260 000 euros. Idem en province, un de mes collègues m’avait fait découvrir son terrain en pente à deux heures de Séoul ; il l’avait payé dix fois plus cher que le terrain que mon père possède en Dordogne. Je me souviens avoir visité un appartement dans le village français qui n’était pas à louer, mais qui à l’achat dépassait les deux millions d’euros ! Notre quartier est l’un des plus chers de Séoul, cela me donne vaguement honte parfois, lorsque mes collègues me rappellent que s’y trouvent les meilleurs collèges et lycées (coréens) de Séoul dont bénéficient nos voisins Coréens qui peuvent se le permettre. Le « Korea Times » ne s’y est pas trompé : l’article cité ci-dessus « les appartements de Kangnam aussi chers que des châteaux » est ironiquement placé au-dessus de celui qui s’intitule « les officiels [du gouvernement] vivent à Kangnam » !
Libellés : Culture et société