09 octobre, 2006

Les jours de pluie, ça n’existe pas (Chuseok à Jeju) - Expats en Corée depuis 229 jours !

Les jours de pluie, ça n’existe pas (Chuseok à Jeju)

Comme le chantait Véronique Sanson dans « Bahia », le temps semble bloqué sur beau fixe sur l’île de Jeju, où nous avons passé le long week-end de Chuseok. Bon, l’île est tout de même assez loin des clichés d’île « sub-tropicale » lus dans les guides, et encore plus loin de la comparaison valorisante avec Hawaï (ou tout du moins, ce que je m’imagine être Hawaï) : les épineux recouvrent la majeure partie de cette grande île volcanique de deux cents kilomètres de périmètre, les petits murets en pierre de lave ou la lande en altitude font plutôt penser à l’Irlande. En fait, toute comparaison est inutile, Jeju-do (l’île de Jeju) se défend bien toute seule. Un beau soleil, donc, durant ces quatre jours, nous a permis de profiter de ses plages de sable blond et de ses cratères boisés.

Comme nous avons travaillé nos leçons de coréen à Jeju, ce qui me semble être un bon résumé de notre séjour est ce que notre jeune prof de coréen, Eun-Sun, qui est originaire de Jeju, nous a demandé de préparer pour notre leçon de ce soir. Retranscrit en français, cela ressemble fort à la carte postale d’un enfant de huit ans en vacances chez ses grands-parents ! C’est dire le brillant niveau de notre coréen acquis au prix d’un labeur acharné (une heure trente de cours et une heure trente de révision hebdomadaires) lors de ces cinq derniers mois. Noter l’emploi du passé – imparfait ou passé composé, même combat en coréen – que nous venons d’apprendre il y a peu :

" Mercredi, nous sommes allés à Jeju " [pas question de mentionner le moyen de transport ; en l’occurrence, le mot avion, on connaît, mais pas la structure de phrase qui va avec].

"Jeudi, nous sommes allés au temple Sanbagsan. De plus, nous sommes aussi allés au parc Hallim [pour expliquer les deux longs tunnels de lave et le jardin de bonsaïs géants (si, si, ça existe !), on attendra la deuxième année de cours]. Pour dîner, nous avons mangé du poisson grillé à Seogwipo".


"Vendredi, il faisait beau. Nous avons fait une randonnée sur le mont Halla" [la randonnée étant une activité cruciale pour les Coréens, on nous a appris le mot très vite ; en revanche, les activités de plage étant restreintes à juillet et août, on n’a pas jugé bon nous apprendre le mot, tant pis pour la manière dont nous avons fini la douce après-midi du vendredi]
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"Samedi, nous avons vu la montagne de Sangumburi [comment dit-on « large cratère boisé » ?]. Les enfants ont joué avec l’eau" [plage ? sable ? pique-nique ?]. Au dîner, nous avons mangé du « porc à cinq couches au barbecue » " [on connaissait le porc à trois couches à Séoul, celui de Jeju en a deux de plus nous a expliqué la serveuse].

"Dimanche, nous avons vu un village [comment dit-on folklorique ?]. De plus, nous avons vu la montagne « Sunrise peak ». De plus, nous avons aussi rencontré des amis, et nous avons dîné du poisson cru. C’était délicieux. "

Voici pour la carte postale de Jeju, avec ses approximations et ses raccourcis. Un raccourci de plus dû à la minceur de notre vocabulaire : on a bien aimé les petits bonshommes en pierre de lave à taille humaine postés au coin de chaque rue, avec leurs mains sur la bedaine, leurs gros yeux et leur nez épaté recouverts d’un chapeau rond. Cette figure tutélaire "Dolharubang" qui servait à protéger le village et à souhaiter la bienvenue aux visiteurs est devenue le symbole de Jeju, et chaque touriste en ramène un ou deux en format transportable ; mais vu qu’il a une bonne tête, ce petit lutin, nous n’avons pas hésité à faire de même.

Au fait, ça tombe bien de parler de nos leçons de coréen, puisqu’on fête aujourd’hui le cinq cent et quelquième anniversaire de la création de l’alphabet « hangeul ». Pour la peine, le gouvernement coréen va faire de cette journée de nouveau un jour férié national (l’an prochain ?), comme elle l’était avant 1990. C’est dire l’importance de leur alphabet pour les Coréens.

Note de Delph : Durant ces quelques jours, nous en avons appris un peu plus sur Chuseok.

C'est un jour de célébration des ancêtres. Toute la famille se rassemble, en principe chez le fils aîné. La belle fille doit préparer des dizaines de plats traditionnels qui seront offerts aux ancêtres. Les "traiteurs" pour plats traditionnels existent mais l'activité est marginale : ce serait déshonorant envers les ancêtres. De leur côté, les hommes visitent les tombes (des tumulus recouverts d'herbe) et leurs cousins.

Les hanboks (l'habit tradionnel) sont évidemment de rigueur et tout le monde s'offre des cadeaux : les gardiens de notre immeuble ont eu leurs étrennes... A ce sujet, les coréens sont dans la logique de l'utile. Les cadeaux les plus appréciés semblent être ceux qui se mangent. On pense toute de suite à une bonne bouteille, un assortiment n'est-ce pas ? Et bien ici on donne plutôt dans la boîte de conserve ! Du bien basique, mais en grande quantité : le grand classique, c'est le coffret de 12 boîtes de thon. On a vu des tas de coffrets de ce type en tête de gondole depuis notre retour de vacances. J'en connais deux qui ont eu de la chance de se marier avant car sinon ils n'y coupaient pas !

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