23 août, 2006

(Entracte) et les trois coups - Expats en Corée depuis 182 jours

(Entracte) et les trois coups

Sur la musique originale de l’excellent et nonchalant film de Jim Jarmusch « Broken Flowers », je reprends avec plaisir notre Corée où je l’avais laissée. Notre Corée, le blog, reprend lorsque notre (aventure en) Corée recommence en famille dès demain matin, lorsque Delphine, Louise & Joshua débarqueront du vol AF 264 pour se plonger dans l’étuve séoulite. Trente degrés, 70% d’humidité. Moins que l’Inde moussonante, Singap’ ou la Malaisie ; malgré tout, on cherche instinctivement toute pièce climatisée à portée.
(Note de Delph : 70% c'est dans la maison avec la clim, dehors c'est bien plus !)

L’entracte fut délicieux, de Paris à Amalfi, en passant par la Normandie pour le mariage d’Elizabeth et Fred, par Saint-Astier pour voir la famille, par Bordeaux pour embrasser Arnaud et Maylis ; enfin, par Naples et la presqu’île sorrentine, pour admirer les boues bouillonnantes du volcan méconnu la Solfatare, se perdre dans les ruines de Pompéi… Se perdre encore dans les escaliers du splendide village de Positano (une heure pour retrouver l’hôtel à onze heures du soir, quelques centaines de marches plus loin !) abrité dans une immense conque rocheuse.


Les amis de France trouvaient que j’avais maigri en Corée (et pris des cheveux blancs aussi, ça c’est vrai !). Mais avec la gastronomie du sud de l’Italie, je me suis rattrapé. Ah ! Les sfogliatelle, délicieuses feuilles de brick collées les unes sur les autres avec un peu de pâte (à base de ricotta) au milieu !
Et bien sûr les pâtes & pizzas historiques, les tomates mozza « caprese » c’est-à-dire inventées à Capri, la charcuterie parfumée, les fruits de mer « frescissimi », la côte de bœuf « alla fiorentina » du dernier soir sur les hauteurs de Positano, avec la vue la plus sublime qu’on puisse imaginer sur la Méditerranée et l’amphithéâtre du village doucement éclairés par la lune.

Le retour à Séoul fut moins douloureux que je ne l’imaginais. L’entracte est terminé, j’ai donc frappé les trois coups avant le nouvel acte de cette expatriation qui commence demain.

Un coup de soleil, d’abord, vue la chaleur actuelle. Pour la première fois, des collègues coréens ont passé une journée de week-end avec moi, pour me montrer le terrain agricole que Woosik a acheté à cent cinquante kilomètres de Séoul. Très agréable journée, aller en bus, repos à l’ombre d’un ruisseau sur le terrain donc, où poussent buissons de ginseng, abrités sous leurs toiles de jute noires, et piments rouges, puis courte balade dans le parc naturel voisin le long d’une belle rivière, et enfin dîner (à 18 heures !) d’un barbecue de canard ; assez rare en Corée, le canard.


Un coup de théâtre ensuite, avec de bonnes sorties au Fringe Seoul Festival en plein air dans le quartier très vivant de Hongik University, Hong-dae pour les Séoulites, et hier soir dans un vrai théâtre, de poche, dans un autre quartier étudiant et branché de Hyehwa. La pièce s’intitule « The Bench », les personnages vivent de petites aventures ordinaires autour d’un banc public. J’avais choisi ce spectacle car quasiment non-verbal : courtes chorégraphies, mimes, mimiques, musique sur des thèmes universels : l’amour, le désir, la vieillesse, le handicap, la mort. Egalement bien représentée, l’indifférence de la société actuelle, sensible notamment à Séoul, où des milliers de gens se croisent chaque matin dans le métro ou dans leurs voitures en s’ignorant, se poussant, s’agressant, mais le tout dans l’indifférence généralisée de « l’autre ».


Sur un coup de tête enfin, je me suis aussi littéralement fait « tailler un costard », en amenant le modèle d’un des miens chez un tailleur. On verra le résultat dans dix jours. Mais pour 180 000 Won (160 euros), même si c’est raté, ce n’est pas la mer à boire.

Mais si j’ai choisi le titre de ce « post », c’est sans doute pour le vrai coup de théâtre qui devrait annoncer un quatrième acte d’expatriation très animé sur le plan professionnel… La suite au prochain post.